20 octobre 2023

Travail désimmobilisé, travail déraciné ?

Métier/Fonction immobilière

Ce 18 octobre, The Boson Project a dévoilé les résultats de sa dernière étude sur les impacts humains et immobiliers de la déspacialisation du travail avec ses partenaires, l’ADI représenté par son président, Frédéric Goupil de Bouillé, La Française Real Estate Managers et Republik.

Fruit d’entretiens avec 86 grands décideurs de l’immobilier, de l’environnement de travail chargés de projets workplace et expérience, l’étude explicite les évolutions du rapport au travail sur les stratégies immobilières des entreprises. Notamment, comme le rappelle l’ADI, plus que jamais, les directeurs immobiliers jouent un rôle déterminant pour accompagner leurs directions et répondre aux nouvelles attentes salariales.

Des injonctions contradictoires

Entre déracinement spatial et quête de réancrage social, les paradoxes de l’époque sont le reflet de l’incertitude dans laquelle naviguent les directions immobilières pour penser le bureau. Aujourd’hui, une nouvelle façon d’être au travail émerge. Mobile, à la recherche de flexibilité, d’autonomie mais aussi toujours à la recherche d’interactions et de commun, le collaborateur bouscule les normes collectives de l’Entreprise et de l’immobilier tertiaire. Face aux nouvelles attentes des travailleurs français, chaque organisation trace sa propre voie, cohérente avec son activité, son métier, son histoire et sa culture. La stratégie immobilière occupe désormais une part significative de la feuille de route globale de l’entreprise : 70% des décideurs immobiliers déclarent que la Direction Générale se mobilise à leurs côtés pour penser la stratégie immobilière, souhaitant ainsi repenser ses modèles d’organisation du travail et la relation au bureau.

Deux grands défis

Le 1er grand défi pour les décideurs immobiliers est de réinventer l’espace du travail et de continuer à créer une dépendance vis-à-vis de l’entreprise. Quand 57% des entreprises interrogées disent réduire leur surface par salarié (et non la surface globale), et qu’en parallèle 50% ressentent une augmentation du taux d’occupation depuis 1 an, un défi se pose : absorber ces flux variables à l’échelle de la semaine, du mois, de l’année dans un espace qui, lui, reste invariable. 58% des décideurs immobiliers ont augmenté la place des espaces collectifs dans le but de favoriser la sociabilité et la collaboration. D’ailleurs, l’animation de la vie collective se révèle être une priorité à 75% pour les entreprises, mais près de 30% se déclarent en difficulté sur ce sujet.

Le 2e grand défi : repenser la géographie du travail. Face aux désirs croissants de mobilité de leurs salariés, les entreprises restent mitigées : 76% des entreprises déclarent que le bureau joue un rôle essentiel pour l’ancrage du collectif , un besoin clé pour des populations davantage mobiles. Depuis les confinements, les entreprises ont pris conscience de la réalité locale de leur implantation immobilière, avec le lien intime entre bureaux et territoire. Si la mixité d’usage et l’ouverture des bureaux sur le quartier ou à différents publics reste un défi pour beaucoup, les entreprises veulent y croire. Mais La déspécialisation est limitée en France par rapport à nos voisins européens.

etude boson project

« Confrontés à énormément d’injonctions que sont l’innovation, l’attraction des talents, le renforcement des règles…, les directeurs immobiliers ont tendance à prendre le temps d’adapter l’immobilier touche par touche ou en « test and learn » pour ensuite déployer à plus grande échelle. Aujourd’hui, le domicile est le principal concurrent du bureau et il y a autant de façons de travailler que de structures. L’entreprise ne doit pas seulement donner un lieu de travail, elle unit le salarié à l’organisation »

Frédéric Goupil de Bouillé

Président, ADI

2023-10 etude boson project

« On a annoncé la mort du le bureau mais il existe une spécificité française qui entretient un rapport au bureau très particulier. On a besoin de culture d’entreprise. Il faut comprendre comment les dirigeants se positionnement avec une temporalité différente »

Jean-Marie Célérier

Directeur, La Française

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