L’immobilier d’entreprise souffre d’un paradoxe. Il constitue tout d’abord le premier contact des salariés, lorsqu’ils poussent la porte de leur entreprise, et se révèle être, dans la grande majorité des situations, le deuxième poste de dépenses de l’entreprise derrière la masse salariale. Pourtant, les questions immobilières ne sont pas toujours considérées en interne à la hauteur des enjeux stratégiques qu’elles relèvent, et leur contribution n’est pas systématiquement reconnue à sa juste valeur. Ce problème de reconnaissance et ce décalage induisent une réelle perte de valeur pour l’entreprise puisque les enjeux de développement commercial, de RH, de management et d’image comportent tous un volet immobilier.
Depuis 20 ans, sous le poids de la financiarisation, de la réglementation de l’activité immobilière et de la complexité de la matière manipulée, une filière professionnelle s’est structurée. Elle regroupe des métiers qualifiés qui consolident une chaîne de valeurs matérielles et immatérielles pour l’entreprise. C’est cette conviction que nous portons au sein de l’ADI et que nous avons voulu challenger, avec Roland Berger, en menant cette étude auprès des directions générales ou des dirigeants d’autres fonctions dans l’entreprise, au-delà des seuls directeurs immobiliers.
Gilles Allard, Président de l’ADI
Ce travail de réflexion mené conjointement entre l’Association des Directeurs Immobiliers (ADI) et Roland Berger, cabinet de conseil de direction générale, constitue le premier Observatoire des directions immobilières tant dans leur organisation que dans leur fonctionnement, leur positionnement et leur mission au sein des entreprises. Il tend à démontrer qu’un grand potentiel est encore à exploiter. Cela s’explique par la transversalité croissante du métier, une structuration encore fragile des ressources et un positionnement trop souvent incertain dans l’organigramme. Cette étude révèle la capacité des acteurs de l’immobilier en entreprise à proposer, à terme, une feuille de route qui permettra aux entreprises de reconnaître la valeur ajoutée générée par l’immobilier et de déployer une véritable stratégie.
Une juste adéquation entre la politique immobilière et le modèle de l’entreprise.
S’il n’existe pas de modèle unique pour la structuration des directions immobilières dans les entreprises, une récurrence apparaît toutefois. Elle porte sur la composition des équipes en place, qui consolident en interne les expertises stratégiques nécessaires à la juste adéquation entre la politique immobilière et le modèle ou la vision de l’entreprise à un moment donné de son histoire et de son évolution.La structuration des directions immobilières est guidée par un principe fort de recentrage, en entreprise, sur les fonctions de stratégie et de pilotage.
Si la contribution de la direction immobilière à la stratégie de l’entreprise est affirmée et confirmée, son plein potentiel semble cependant loin d’être atteint. Cela est particulièrement remarqué par les directeurs et secrétaires généraux qui voient 3 principaux défis à court terme : un développement des compétences – profils, outils, KPIs –, une affirmation du leadership de cette direction et une forme d’acculturation dans l’entreprise, et enfin une coopération encore plus poussée avec les autres fonctions sur les sujets stratégiques de l’entreprise.
Sébastien Manceau, Partner Rolang Berger