Mercredi 31 mars, l’ADI tenait un petit déjeuner sur le thème : pour un bureau divers et inclusif ! Utilisez les bureaux pour donner corps aux engagements RH ! Découvrez dès maintenant ce que vous avez loupé.
RSE : le bureau mute en devenant divers et inclusif
47% des salariés souhaitent travailler dans des lieux respectueux de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, selon une étude de JLL, présentée dans le cadre du petit-déjeuner organisé par l’Association des directeurs immobiliers le 31 mai dernier à Paris. De nouvelles pratiques peuvent être déployées pour donner corps aux engagements RSE. Décryptage.
Taxonomie européenne, directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD)… « Les textes réglementaires se suivent et font monter en puissance les enjeux liés à la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) des groupes privés », rappelle Frédéric Goupil de Bouillé, président de l’Association des Directeur Immobiliers (ADI), en ouverture du petit-déjeuner organisé par l’Association professionnelle le 31 mai dernier à Paris sur le thème du bureau inclusif et divers. Petit à petit, les entreprises devront communiquer sur leurs engagements extra-financiers, c’est-à-dire, leur impact environnemental mais aussi social. « L’immobilier a un rôle à jouer, parce qu’il peut donner corps aux engagements des sociétés en matière de RSE et de politique RH inclusive », poursuit le président de l’association.
« Environnement de travail juste et équitable »
D’ailleurs, JLL a récemment mené un travail de recherche autour du rôle nouveau que peut jouer l’immobilier d’entreprise en faveur de la Diversité, l’Equité, et l’Inclusion (DEI). Présentés en exclusivité dans le cadre du Petit-Déjeuner de l’ADI du 31 mai dernier, ces travaux ont montré que 47% des salariés souhaitent travailler dans des lieux respectueux du concept de DEI. Ce taux grimpe à 53% chez la génération Z.
« L’équité dans le bureau consiste à créer un environnement de travail juste et équitable. L’inclusivité repose sur un travail conjoint avec les collaborateurs, sur l’aménagement des espaces de travail, décrypte Marie Puybaraud, directrice monde de la recherche Future of Work chez JLL. La démarche DEI fait partie des 7 piliers de la valeur sociale de l’immobilier. Pour la déployer, les possibilités sont multiples. Nous avons identifié des actions très concrètes qui peuvent être mises en œuvre aux différentes étapes de décision immobilière : du choix de la localisation de ses bureaux à la mise en place d’une politique d’achats responsables, en passant par la négociation du bail et l’aménagement des espaces. Et pour mesurer la mise en place de ces actions, nous disposons de plus de 200 indicateurs de performance. » La DEI est donc à la portée de tous, et peut se déployer et se mesurer tout au long du projet immobilier.
« Beaucoup de bon sens »
Surtout que des outils existent pour déployer le concept sur un parc tertiaire. Mais ils sont parfois méconnus. « Les directeurs immobiliers maîtrisent bien le schéma directeur immobilier, mais manipulent-ils aussi bien le schéma directeur handicap ? », fait mine de s’interroger Frédéricke Sauvageot, Directrice QVT du domaine immobilier et des espaces de travail chez Orange. Rappelons que ce schéma directeur a été créé par la loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche. Il ne s’impose pas, par définition, aux entreprises privées. Elles peuvent toutefois s’en inspirer…et anticiper l’arrivée sur le marché du travail de plus en plus de jeunes diplômés atteint d’un handicap, qui à connaissances et expertises égales nécessiteront un mode de management et un environnement de travail adaptés à leurs spécificités.
Sans avoir à déployer un nouvel outil, les entreprises peuvent aussi commencer par « prendre en considération la perception et le ressenti des collaborateurs dans l’aménagement. Au final, c’est beaucoup de bon sens », poursuit Frédéricke Sauvageot. Le flex-office, déployé en masse par les entreprises, peut également devenir un levier intéressant. « Concernant notre parc immobilier, nous avons déployé dans le cadre de nos programmes de flex office, une grande diversité de postures et d’espaces, qui au-delà de répondre aux différents types d’activités de nos collaborateurs, permettent également aux individualités de trouver des solutions qui leur correspondent, indique Eynatte Lehtman, Responsable de la transformation de la direction immobilier groupe de la Société Générale. Dans nos open spaces, en complément des positions de travail standards, nous avons en effet un volume d’assis / debout, et nous avons récemment installé des positions hautes qui rencontrent un joli succès. Nous avons également mis à la disposition des collaborateurs, en plus des cabines téléphoniques, des box une place et des box deux places. Enfin, s’agissant des espaces collaboratifs, les salariés peuvent trouver des salles de réunion avec des tables standard ou des tables hautes, des salles dynamiques avec des mobiliers diversifiés et modulables, ou des lounges avec des fauteuils et canapés. Nous avons récemment complété notre offre par des salles silence inspirées des bibliothèques. »
Rappelons que 80% des handicaps sont invisibles. Pour être inclusifs, « les bureaux peuvent avoir une meilleure lisibilité en étant immédiatement et intuitivement identifiables. Ils pourront permettre de moduler la luminosité, de traiter les stimuli sonores en les transformant en ambiance… », précise Frédéricke Sauvageot. Sur le terrain de l’équité, « le déploiement de salles d’allaitement permettra d’accueillir les femmes revenant de congés maternité dans de bonnes conditions », donne en exemple Eynatte Lehtman.
L’implantation pour déployer sa RSE
« Enfin, le choix de l’implantation est un levier pour répondre aux enjeux de RSE », fait valoir Corinne Orsoni, Responsable grands comptes d’Euroméditerranée, 3e quartier d’affaires de France avec 750 000 m² de bureaux. Les décideurs immobiliers sont en phase avec cette idée, puisqu’ils sont 92% à penser que l’immobilier peut avoir un impact positif sur ses occupants et aussi sur son écosystème externe, selon la dernière étude de JLL. En d’autres termes, l’immeuble peut être un levier d’inclusivité des habitants de la ville qui accueille l’entreprise.
D’ailleurs, les représentants des groupes privés se disent en « contacts réguliers » avec les villes et les aménageurs. Et cela tombe bien puisque la puissance publique se pose en facilitateur pour accompagner les sociétés dans le déploiement de leur stratégie RSE. « RTE s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire après avoir noué un partenariat avec le FabLab de notre territoire pour y développer des baudriers plus légers, expose Corinne Orsoni. Autre exemple : Free Pro sensibilisera les jeunes aux métiers du numérique. Et comme nous avons une population jeune, nous avons lancé un campus numérique de 25 000 m² qui formera 3 000 alternants chaque année à partir de 2025. » De quoi offrir aux jeunes une formation diplômante qui débouchera sur un emploi, et aux entreprises déjà implantées ou à venir, un vivier de potentielles recrues. Une stratégie « gagnant-gagnant ».