Article de Anne-Charlotte Navrro
16 mai 2023
Le 22 mars 2023, la conférence de l’Association des directeurs immobiliers était consacrée au vide des locaux des entreprises. Bien que la crise du Covid-19 soit passée et alors qu’au début beaucoup pariait sur un retour massif des salariés dans les bureaux, force est de constater que, désormais, les directeurs immobiliers peinent à assurer un niveau de remplissage acceptable des locaux. Alors passé le constat, qu’attendent les collaborateurs de l’espace du bureau ?
La question de la fréquentation des bureaux est désormais l’alpha et l’oméga des directeurs immobiliers. Depuis 2018, les bureaux sont de plus en plus vides, et les crises sanitaires et économiques n’ont fait qu’augmenter l’ampleur de ce phénomène. Si les bureaux sont vides, comment faire pour les remplir ?
Pour débattre de cette question, la table ronde organisée par l’Association des directeurs immobiliers (ADI), le 22 mars 2023, réunissait : Birgit Fratzke-Weiss, directrice immobilière du groupe EDF, Maxime Lanquetuit, directeur de l’innovation chez Altarea, Céline Leonardi, directrice de la commercialisation et directrice de Wellio Covivio, et Stéphane Soreau, directeur général de RATP Real Estate.
« Le métier d’Altarea est de monter des projets qui sont utilisés. Or, un petit calcul mathématique démontre qu’un immeuble de bureau n’est pas utilisé à 100 % du temps, mais 31 % du temps seulement. Le calcul est simple : on travaille de 8 heures à 20 h, cinq jours par semaine sur deux cent vingt jours de travail ramené sur une année. Si deux jours de télétravail sont ajoutés, le taux tombe à 18 % du temps soit juste en dessous d’une école. Or, en vis-à-vis, l’utilisateur supporte 100 % des coûts financiers et environnementaux », explique Maxime Lanquetuit. Outre ce calcul de l’utilisation théorique de l’immeuble, l’ensemble des participants à la table ronde constate que la fréquentation des bureaux est en baisse depuis plusieurs années.
« Avant la pandémie, le taux d’occupation des quelque 300 000 mètres carrés de surface tertiaire de la RATP n’était que de 60 %, donc les bureaux étaient sousoccupés. Cette situation a poussé le groupe à lancer une réflexion sur l’utilisation de ses espaces tertiaires dès 2018 », détaille Stéphane Soreau, directeur général de RATP Real Estate.
Brigit Fratzke-Weiss, directrice immobilière du groupe EDF, fait le même constat : « Quand les équipes me parlent de bureaux vides, je demande toujours par rapport à quoi ? Si on prend en considération des journées de travail, de déplacement, de RTT, de congés, nous n’étions pas à 100 % de fréquentation avant la pandémie sur les 30 millions de mètres carrés dont 30 % de purs bureaux que la direction immobilière du groupe EFD gère. »