Augmenter les taxes sur les déchets, déconstruire plutôt que démolir, développer des « green deals »… autant de solutions proposées lors du 4e rendez-vous annuel de l’association des directeurs immobiliers (ADI) pour développer le recyclage dans le BTP.
« L’Institut de l’économie circulaire va lancer une réflexion sur la filière du BTP », a annoncé François Michel Lambert, président de l’institut, lors du rendez-vous annuel de l’association des directeurs immobiliers (ADI) mercredi 28 juin. Celui qui est également député (LREM) des Bouches-du-Rhône a rappelé que l’organisme était un fin lobbyiste. « Il y a un chapitre entier sur l’économie circulaire dans la loi pour la Transition énergétique et la loi Notre aborde le sujet ». De quoi inquiéter la filière ? Certains acteurs sont déjà en marche. « Nous avons lancé une expérimentation à Bagneux (92) sur un ancien site industriel appartenant à Sanofi où nous avons recyclé plus de 80% des matériaux », rappelle François Bertière, président de Bouygues Immobilier.
Taxer plus pour recycler plus
Pour que la pratique se développe, « il faut un signal prix, estime Pierre-André de Chalendar, président-directeur général de Saint-Gobain. Aujourd’hui, les solutions alternatives au recyclage, comme les mises en décharge, coûtent beaucoup moins cher, car les taxes de mises en décharge représentent 25% du tarif payé au Royaume-Uni ou en Allemagne ». En plus de mettre en place une fiscalité coercitive, le P-DG estime qu’il faut « revoir la réglementation » pour permettre à la filière de recyclage de se structurer. Un enjeu de taille puisque « certains matériaux du bâtiment, comme le verre ou le gypse (qui entre dans la composition de plaques de plâtre), sont recyclables à l’infini », rappelle l’industriel.
Pour recycler un bâtiment, il faut privilégier la déconstruction à la démolition, avoir la liste des matériaux entrant dans sa composition et connaître leur emplacement. « Le BIM nous y aidera puisqu’il référence tous les produits, assure François Bertière. Il permet également d’optimiser la structure, donc d’économiser du béton et des déchets futurs. » La déconstruction permet également de concasser le béton sur place, « pour les réutiliser comme agrégats », assure le promoteur immobilier. Une bonne idée, qui peut toutefois être plombée par les mentalités. « Certains acheteurs publics se méfient des granulats recyclés et préfèrent acheter des matière vierges, assure François-Michel Lambert. Nous faisons face à un problème d’acceptation de la société du recyclage et du réemploi. »
Les « green deal » pour booster l’économie circulaire ?
« En la matière, je mets d’infinis espoirs dans les green deals », assure Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable. Selon l’Institut de l’économie circulaire, « un green deal se matérialise par une prise d’engagements réciproques entre l’État et les autres signataires. L’accord est volontaire et ne contient pas d’obligation de résultats. Il s’agit donc d’une incitation à l’expérimentation, dans laquelle l’Etat joue un rôle de facilitateur dans la mesure du possible. »
Actuellement, seulement quelques green deals ont été signés en France, alors que les Pays-Bas en comptent près de 400 selon François Michel-Lambert. Pour que les green deals fonctionnent en France, « cela suppose que le Parlement laisse la place à l’initiative privée et qu’il valorise les actions volontaires », glisse Philippe Pelletier.
Barbara Kiraly