Ce sont plus de 280 décideurs publics et privés de l’immobilier qui se sont réunis au Jardin d’Acclimatation pour assister à l’événement annuel des Trophées de l’Association des Directeurs Immobiliers (ADI). Cet événement a non seulement été l’occasion de dévoiler les lauréats du 25e palmarès des trophées de l’association, mais a aussi permis de proposer une conférence sur l’intelligence artificielle, animée par un panel d’intervenants de renom.
Source de fascination et d’inquiétude, l’intelligence artificielle (IA) représente un enjeu crucial pour l’immobilier, comme le rappelle Olivier Marin, rédacteur en chef spécialisé immobilier, logement et urbanisme au groupe Figaro et animateur du débat. Selon un rapport de McKinsey & Company, l’IA pourrait générer une production économique mondiale supplémentaire d’environ 13 000 milliards de dollars d’ici 2030, augmentant le PIB mondial d’environ 1,2 % par an.
En ce qui concerne l’immobilier français, 7 % des entreprises du secteur utilisent, à ce jour, au moins une technologie de l’IA (8,5 % en Europe), selon Eurostat. Un marché voué à grandir puisqu’il devrait atteindre 7,56 milliards d’euros en 2024, soit une augmentation de 24,1 % par rapport à 2023.
Une IA adaptée à l’urbanité ?
Selon le site officiel du parlement européen, l’IA désigne la possibilité pour une machine de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité. L’IA permet à des systèmes techniques de percevoir leur environnement, gérer ces perceptions, résoudre des problèmes et entreprendre des actions pour atteindre un but précis. Elle a un impact direct sur le secteur de l’immobilier.
Hubert Béroche, fondateur du think thank Urban AI, a entrepris un tour du monde de 6 mois durant lesquels il a tenté de comprendre comment l’IA peut participer à la création de villes durables. Il a rapidement constaté que l’intégration de cette dernière en milieu urbain pose des défis majeurs, prenant l’exemple des risques associés aux véhicules autonomes comme ceux de Tesla, ayant provoqué des accidents mortels. Il souligne ainsi la nécessité de mieux urbaniser l’intelligence artificielle pour l’adapter aux enjeux de la ville.
“Ce qui est clair, c’est que ces outils technologiques sont des accélérateurs politiques. Ils rendent sensibles des visions du monde. Mais certaines personnes ne veulent pas de ce monde-là. Finalement, je dirai qu’il n’y a pas de futur tracé, unitaire, mais il y a une arborescence de futurs. Et plus cet arbre s’épanoui, plus c’est signe de liberté politique.” Hubert Béroche
Hubert Béroche
fondateur du think thank Urban AI
Impacts concrets de l’IA dans le secteur immobilier
L’IA a un effet direct et significatif sur le secteur de l’immobilier, puisqu’elle est capable d’optimiser l’utilisation des espaces en les adaptant aux besoins réels des occupants, d’améliorer l’efficacité des processus de vente et de location, ou encore d’analyser des données immobilières pour prédire les tendances du marché.
Stéphanie Jeanneret, senior manager institutional sales Real Estate and Development du groupe Réside Etudes, a étudié les applications de l’IA dans la sécurisation des bâtiments. La nouvelle technologie peut faciliter la gestion des bâtiments en automatisant les systèmes de sécurité, de climatisation et d’éclairage, ce qui optimise les ressources et réduit les coûts opérationnels. Réside Etudes a su résoudre une problématique de sécurisation d’une résidence étudiante, où le code était en moyenne dévoilé à 35 000 personnes par an. Le groupe a mis en place avec succès un système de code à usage unique généré par une IA pour réguler les entrées et sorties.
Stéphanie Jeanneret précise que les flux sonores et lumineux d’un bâtiment peuvent être analysés par l’IA, ce qui permet à l’architecte de les intégrer lors de la conception. Cette capacité de l’IA favorise une optimisation intégrale du bâtiment, de sa conception jusqu’à son utilisation finale.
Stéphanie Jeanneret
senior manager institutional sales Real Estate and Development du groupe Réside Etudes
En Chine, l’IA attribue des points de comportement. Ce qui est inquiétant, c’est l’état d’esprit des habitants chinois qui trouvent cela normal. Je crois que ce qui est important aujourd’hui c’est l’encadrement, sur lequel travaille déjà la commission européenne. L’IA est un véritable enjeu de société. Nous devons retravailler le rapport avec l’IA et être attentif à la notion d’usage.
Stéphanie Jeanneret
Gilles Babinet
co-président du Conseil national du numérique
“Les inquiétudes à propos de l’IA sont à mesurer. Non, l’IA ne va pas nous remplacer et prendre notre travail. On a seulement vu un léger impact sur l’emploi alors qu’il était dit qu’on verrait un vrai changement en 2024. Il faut simplement qu’on se prépare et que l’on développe des technologies inclusives.”
Gilles Babinet
L’IA peut également aider à préserver la biodiversité. Hubert Béroche prend l’exemple d’une IA qui, à Berlin, a analysé les besoins en eau des arbres de la ville et a rendu ces informations accessibles dans un café du centre, permettant aux citoyens d’arroser les arbres eux-mêmes.
Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique, souligne également l’anticipation et l’optimisation des déplacements possibles grâce à l’IA. Dans son ouvrage, intitulé « Refondre les politiques publiques avec le numérique », il prend l’exemple de Sophie. Comme tous les matins, l’IA l’accompagne dans son quotidien. Connectée aux réseaux de transports en commun, elle lui permet d’anticiper sur ses déplacements. Autre intérêt de l’IA : réduire les coûts de transactions. Un concept économique qui inclut les coûts liés à la recherche d’informations, à la négociation et à l’exécution des échanges de biens ou de services. Par exemple, l’IA peut aider à améliorer la gestion des emplois du temps. Déplacements de réunion de plusieurs participants, réservation de salles… l’IA se pose comme un véritable assistant.
Cependant, cette avancée technologique n’est pas sans limites. Lors de ses cours en Chine, Gilles Babinet a constaté que l’IA était très appréciée par les Chinois, qui l’utilisaient pour éliminer complètement l’incivilité sans remettre en question son utilisation. Néanmoins, il a observé de nombreux abus : des amendes pouvaient être infligées pour divers motifs, souvent de manière arbitraire.
Impact Économique de l’IA
▪ L’IA pourrait générer 13 000 milliards de dollars supplémentaires d’ici 2030
▪ Augmentation annuelle du PIB mondial d’environ 1,2 %
Impact de l’IA sur l’Immobilier
▪ 7 % des entreprises immobilières françaises utilisent une technologie de l’IA (8,5 % en Europe)
▪ Marché de l’IA dans l’immobilier atteindra 7,56 milliards d’euros en 2024 (+24,1 % par rapport à 2023)
Lien rapport de McKinsey & Company : AI in government: Capturing the potential value | McKinsey
Lien Eurostat : Immobilier : comment l’intelligence artificielle va révolutionner le secteur | Les Echos