L’intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner de nombreux secteurs, et l’immobilier ne fait pas exception. Mais alors que 15 % des entreprises de l’immobilier utilisent l’IA au quotidien selon une étude récente publiée par Parella, comment concrètement l’intelligence artificielle peut aider les directeurs immobiliers dans leur exercice ? Réponses lors de la conférence organisée par l’ADI au Simi, le 10 décembre dernier.
En combinant des algorithmes avancés, des techniques de machine learning, et une analyse de données massives (big data), l’IA transforme la manière dont les professionnels de l’immobilier prennent des décisions, gèrent des biens, interagissent avec les clients et optimisent leurs processus.
En pratique l’IA est un algorithme qui a des capacités d’auto‐apprentissage et de prédiction. Le cumul de ces deux capacités permet de gagner du temps. “C’est une sorte de super assistant pour effectuer des tâches répétitives et rébarbatives que nous n’avons ni le temps ni le budget de faire”, estime Alexandre Aumaitre, responsable transformation et innovation digitale de SNCF Immobilier.
Proportion d’entreprises ayant adopté au moins une application d’IA, par pays (Savills 2023)

Structurer les données
L’une des forces de l’IA est de structurer des données. On peut lui envoyer des formats PDF, des photos, des fichiers excels, du son et des vidéos. L’IA va extraire et structurer la donnée dans un temps extrêmement court. La sécurité de cette donnée est également l’un des enjeux de l’IA : quand on fait travailler une IA, il est important que le traitement de la donnée soit connu.
Renégociation de bail
“Dans le coeur d’activité de la direction, nous travaillons avec 3 pilotes en phase de test actuellement. Le premier nous permet de collecter en fiabilisant les données relatives aux performances énergétiques de nos bâtiments.”
Le deuxième pilote porte sur les contrats de bail. “Il permet d’extraire de nos baux les 10 ou 12 clauses principales puis les traduire dans un langage pratique. Par exemple, pour la renégociation d’un bail dans un pays étranger, cet outil m’a permis de préparer rapidement et efficacement cette réunion en sélectionnant et traduisant les clauses clefs. Enfin, nous testons un pilote qui prend en photo les bordereaux de livraison des matériaux et calcule les émissions de carbone”, présente Frédérique Le Moigne, Directrice de l’Immobilier de Technip Energies.
Une sortie de bail mal préparée a un coût réel, avec l’aide de l’IA, il peut être réduit.

Pour les dirigeants, l’IA constitue plutôt… (Parella 2024)


Analyser des diagnostics
“A la SNCF, l’IA est perçue notamment comme un outil de fiabilisation de la data collectée sur notre parc”, analyse Alexandre Aumaitre. Nous testons actuellement un outil permettant d’analyser et de résumer de façon unique les diagnostics amiante des bâtiments. Nous pouvons ainsi les comparer rapidement et efficacement avec nos meta data. »
Le service concerné souhaite aller plus loin : » Nous souhaitons également faire travailler une IA sur une base de données de 220 000 photos très hétéroclites avec des qualités très variables. L’IA pourrait extraire des données synthétiques sur l’état de vétusté, voire même estimer les travaux nécessaires”.
Même si pour l’heure, les participants estiment qu’il est trop tôt pour avoir un retour sur investissement fiable, l’IA a une valeur : réduire le coût de la non qualité. “Une sortie d’un bail mal préparée car les clauses ont été mal interprétées voire mal lues a un coût réel, l’IA peut le réduire”, illustre Frédérique Le Moigne.
La législation européenne en cours de déploiement
Dans le prolongement du data act, l’Union européenne s’est dotée le 13 juin 2024 d’un règlement européen qui permet de donner un cadre juridique à cette technologie. Il veille notamment à ce que les systèmes d’IA mis sur le marché respectent la législation en vigueur en matière de droits fondamentaux, l’Etat de droit et la durabilité environnementale.
Des produits interdits dès février 2025
“Ainsi, certains produits seront interdits car les risques sont considérés comme inacceptables dès février 2025. D’autres applications sont classées à risques limités ou élevés. Dans cette dernière catégorie, nous retrouvons les produits impliqués dans le fonctionnement des infrastructures critiques entre autres, les réseaux électriques, d’eau, de gaz, de transports” détaille Sébastien Meunier, président de la Smart Buildings Alliance.
“Au‐delà de la réglementation IA Act, cette technologie, si elle est utilisée de façon raisonnée et responsable, est une solution inédite de réduction du gaspillage de ressources, d’augmentation de la performance d’usage et de réduction des coûts. »
Selon les professionnels qui sont intervenus, ce sont bien aux acteurs de la filière de l’immobilier de s’emparer de ces capacités conversationnelles, d’apprentissages et prédictives, en évaluant les bénéfices et risques associés. « Dans ces conditions, l’IA est une opportunité de transformation et d’optimisation pour notre secteur”, conclut‐t‐il.
Utilisez‐vous un un outil IA dans le cadre de votre travail ? (Parella 2024)
